Réactions de l'UNSA Ferroviaire aux propos de Macron sur la SNCF

Emmanuel Macron appelle la SNCF à une vaste transformation, en échange d’une reprise de sa dette par l’État, et confirme vouloir mettre fin à son régime spécial de retraite, dans un entretien au magazine interne de l’entreprise.

Les propos du chef de l’État, publiés en juillet dernier mais relevés mercredi par le quotidien Le Monde, ont provoqué la colère de responsables syndicaux.

C’est “une proposition malhonnête”, a déclaré à Reuters Roger Dillenseger, secrétaire général de l’UNSA ferroviaire.

“Si vous voulez défendre votre entreprise, il faut la réinventer”, dit le chef de l’État dans cet entretien. “Je pense que le modèle sur lequel on a vécu, le mythe de la SNCF, n’est pas celui sur lequel on construira la SNCF du XXIe siècle.” Moderniser l’entreprise “impose quelques discours de vérité : côté public, sur les investissements, sur la reprise de la dette et, côté SNCF, sur la modernisation de l’entreprise”, poursuit Emmanuel Macron, en évoquant “un grand deal”. “Nous demandons à SNCF d’aller plus loin sur les réformes, le statut, la mobilité, le régime de retraite. La SNCF, elle, a besoin que nous allégions sa structure financière, que nous accompagnions la rénovation du réseau existant.” La dette de la SNCF dépasse 44 milliards d’euros.

Emmanuel Macron exhorte dans le même temps la SNCF à devenir le “champion” de la concurrence. “Demain, j’attends de SNCF d’être un opérateur intégré, qui dira : ‘Je sais vous emmener en train, puis en car, puis vous louer un taxi ou une solution de covoiturage ou de vélo en ville, etc.’”, explique-t-il.

L’Union européenne a fixé des dates limites pour l’ouverture à la concurrence : fin 2019 pour les lignes régionales et fin 2021 pour les lignes à grande vitesse.

Le président confirme sa volonté de supprimer les régimes spéciaux dans le cadre de la réforme des retraites qu’il veut boucler l’an prochain pour une entrée en pleine application dans dix ans. Il serait selon lui “injuste” de maintenir en l’état le régime des cheminots, qui peuvent percevoir leur pension à partir de 57 ans, voire 52 ans pour les agents de conduite.

C’est “une proposition malhonnête”, a déclaré à Reuters Roger Dillenseger, secrétaire général de l’UNSA ferroviaire. “Demander une contrepartie sur les aspects sociaux et les conditions de travail par rapport à un engagement de l’État sur la construction des TGV, ce n’est pas acceptable.”

“Il y a plusieurs éléments qui sont en train de se conjuguer : les évolutions de la loi Travail, ce type d’annonces, les conditions sociales de l’ouverture à la concurrence. Tous ces éléments qui s’accumulent sont de nature à créer du mécontentement”, a-t-il ajouté.