Le gouvernement lance sa réforme de l'État. Vous êtes prêts à suivre ?
« Nous sommes prêts pour une réflexion sur les objectifs de l'action publique, sur l'évolution de ses missions dans une société qui évolue. Mais nous nous interrogeons sur l'articulation de ces objectifs, avec la réduction des déficits publics. L'actualité le montre dans la pénitentiaire et dans les Ehpad, ou avec l'affaire Lactalis : on peut discuter de réorganisation des services ou de productivité, mais on voit bien qu'on aura beaucoup de mal à faire plus avec moins. Dans les prisons et les Ehpad, on n'a pas besoin d'intelligence artificielle, mais de présence humaine et de moyens pour l'assurer. »
Sur la pénitentiaire où l'UNSA est le premier syndicat, vous avez été entendus : hausse de salaire et des effectifs...
« Oui, partiellement, mais faut-il toujours des conflits pour être entendu ? Et les 50 millions d'euros supplémentaires pour les Ehpad ne répondent pas à l'ampleur du problème. Nous ne contestons pas l'objectif de réduire les déficits publics, mais la règle à calcul budgétaire ne doit pas prédéterminer la question politique : quelles missions pour le service public, avec quel niveau de qualité. On ne va pas confier la police à des milices privées parce qu'on a besoin de faire des économies ! »
Vous réclamez toujours un rattrapage salarial dès 2018 ?
« Oui, la situation économique du pays est en train de s'améliorer, et à ce stade, le maintien du pouvoir d'achat des fonctionnaires n'est pas assuré en 2018. On annonce en plus une transformation de l'action publique : dans n'importe quelle entreprise, quand on fixe de nouveaux objectifs, on se soucie de mobiliser les salariés en les intéressant financièrement à la réalisation des objectifs ! Nous attendons un rendez-vous salarial en avril pour revenir sur le gel du point d'indice et la mise en oeuvre de l'accord sur l'évolution des carrières. »
Et sur les retraites ?
« S'il s'agit de créer un système unique pour tous qui aboutisse à détruire les statuts et à baisser les pensions, nous nous y opposerons. Nous estimons qu'il existe toujours des missions d'intérêt général qui justifient un statut particulier, et donc des régimes spéciaux de retraite. Nous avons noté qu'il n'y aurait pas de décision avant 2019. Mais nous nous interrogeons sur l'issue de ces discussions : instruit par l'expérience récente, je me demande si la concertation ne servira pas qu'à conforter des mesures déjà décidées. »
Vous n'avez plus confiance en Emmanuel Macron ?
« On ne conteste pas la part de décision qui revient au politique. Mais on s'interroge sur la prise en compte de ce que nous disons dans la concertation. Ce n'est pas un procès d'intention, mais un constat : sur les ordonnances, les arbitrages du gouvernement ont été tous favorables aux chefs d'entreprise. Nous espérons que sur l'assurance chômage, la formation ou les retraites, tout n'est pas déjà préarbitré par le pouvoir. »
Propos recueillis par Francis Brochet
Source : Dernières Nouvelles d'Alsace , Jeudi le 01 Février 2018