Le 1er mai est d’abord la journée internationale de solidarité des travailleurs. C’est donc le moment idéal pour affirmer notre solidarité avec les travailleurs du monde entier. Cela pourrait être une formule, mais il y a derrière cette formule des réalités humaines difficiles parfois terribles.
Nous pensons particulièrement à la répression syndicale en Turquie. C’est pourquoi, avec la confédération européenne des syndicats (la CES), nous soutenons nos camarades syndicalistes turcs, privés de travail ou emprisonnés, à cause du combat qu’ils mènent pour faire respecter la démocratie et la liberté syndicale.
Mais ce 1er mai, c’est aussi l’occasion de réaffirmer notre solidarité particulière avec les réfugiés.
Pour l’immense majorité d’entre eux, ce sont des travailleurs contraints à l’exil pour sauver leur vie et celle de leur famille face à la guerre et au totalitarisme. L’UNSA redit ici que le droit d’asile, fondateur de la conception française universaliste de la démocratie, est un droit démocratique fondamental qui n’est pas négociable. Accueil ne vaut pas nécessairement asile. Mais il ne peut y avoir asile sans accueil dans le respect de la dignité des personnes et de leurs droits, avec un temps et des moyens permettant, et la constitution des dossiers, et leur instruction. Ce n’est pas le chemin qu’emprunte le projet de loi en cours de discussion au parlement qui cherche, au contraire, à dissuader et décourager. Pour l’UNSA, le droit d’asile ne doit pas devenir un droit « XXS » mais un droit tout court qu’il revient à la France de continuer à défendre et à mettre en œuvre.
Mais ce 1er mai 2018, est aussi l’occasion d’un anniversaire. Il y a 50 ans, la France vivait en effet un moment particulier, « mai 1968 », qui est devenu une référence historique dans l’histoire sociale de notre pays. A l’UNSA, parmi les nombreux acquis de cette période, nous en retenons un essentiel : « la création des sections syndicales d’entreprise ». En matière de démocratie sociale, l’installation de sections syndicales d’entreprise est fondamentale. Elles sont, plus que jamais, le moyen le plus performant pour que toutes et tous soient acteurs d’un syndicalisme de proximité, efficace et utile. Faire vivre, développer la vie syndicale au plus près des salarié-e-s, dans leurs entreprises, dans leurs administrations : c’est le cœur du projet de l’UNSA, depuis sa création. En ce 1er mai 2018, l’UNSA appelle donc de ses vœux le renforcement du syndicalisme dans tous les lieux de travail. Cette évidence est particulièrement incontournable à l’heure où d’aucuns veulent contester l’existence même des corps intermédiaires.
Enfin concernant l’actualité sociale française, l’UNSA est mobilisée et continuera à se mobiliser partout pour porter des propositions, défendre les salarié-e-s et défendre l’intérêt général. Je pense évidemment aux cheminots, aux Ehpad, à la fonction publique, et à toutes les actions sectorielles pour les salaires et pour l’emploi dans les administrations ou les entreprises. A chaque fois notre détermination et notre ligne est la même : construire dans le dialogue social. Rien ne se fera durablement et positivement sans cette volonté.
Oui, sur un certain nombre de grands sujets, le syndicalisme français est divisé, tout simplement parce que l’appréciation que, les uns et les autres, nous pouvons avoir des réalités économiques et, surtout, des solutions que nous envisageons pour régler les problèmes, est différente. Pour autant à l’UNSA, nous voulons que ce 1er mai 2018 permette à chacun d’affirmer ses positions, ses propositions et d’œuvrer dans l’intérêt collectif.
Les salariés et agents publics de ce pays veulent être des acteurs reconnus et respectés sur leur lieu de travail, dans leur entreprise ou leur service. Ils ont des exigences pour leurs salaires et leur pouvoir d’achat, pour leur emploi, leurs conditions de travail.
Les salariés et agents publics de ce pays veulent un état où la démocratie respecte les citoyens, tous les citoyens, où la démocratie sociale donne la parole à tous les salariés, à tous les syndicats.
C’est ce combat que nous menons. Le dialogue social, c’est un combat en France, parce qu’une fraction rétrograde du patronat n’en veut pas mais aussi parce que la méthode gouvernementale consiste, sur un trop grand nombre de sujets, à en faire l’économie.
A l’UNSA, nous voulons un syndicalisme de construction, un syndicalisme pragmatique qui produit pour l’avenir des salariés un mode d’organisation du travail qui les protège sans ignorer l’efficacité économique dont dépend aussi l’emploi.
Pour cela, le dialogue social, la négociation sont les seules méthodes qui vaillent.
C’est ce qui fonde l’ancrage réformiste de l’UNSA.